sortie Presse ambreozchristophejodet-PURCELL septembre/17

ACTUALITÉ PRESSE


Le rentrée nous offre une nouvelle moisson d’articles de Presse pour le concert ambreozchristophejodet-PURCELL dont l’activité estivale a été riche. Voici pour l’exemple un papier réalisé par le journaliste Stéphane Ollivier qui couvrait l’événement Têtes de Jazz en Avignon. Plaisir de découvrir des critiques précis qui captent l’essentiel en donnant de l’appétit. Bonne lecture.


 

Le sens des poètes           par Stéphane Ollivier

Pour la troisième saison consécutive, le petit commando militant de l’AJMI, occupé tout au long de l’année à faire fructifier dans la région provençale les formes les plus audacieuses du jazz et des musiques improvisées actuelles, a décidé de participer à sa manière à la grand-messe théâtrale du festival d’Avignon afin de l’utiliser comme vaste chambre d’écho susceptible de toucher un public peu au fait de ces formes d’expressions éminemment contemporaines mais de plus en plus menacées de marginalisation.

Si l’on ne devait tirer qu’un fil de la riche trame de la programmation sensible imaginée par Pierre Villeret, ce serait probablement celui qui, tout au long des dix jours du festival, aura secrètement relié entre eux des projets très divers d’un point de vue esthétique, mais ayant en commun le souci de renouer avec le sens, en replaçant à des degrés divers la poésie au cœur du propos et du dispositif musical.

ambreozchristophejodet – Purcell

Ambre Oz (chant), Christophe Jodet (b, elb, elec).

Première formation à s’inscrire dans cette tendance, le duo constitué d’Ambre Oz au chant et de Christophe Jodet à la contrebasse et à la basse électrique propose une relecture de quelques pièces extraites du vaste répertoire d’airs d’opéras et de chansons écrites à la fin du 17e siècle par le compositeur anglais Henry Purcell. Nulle tentation de “jazzifier” ces petites merveilles d’équilibre compositionnelle, aucune échappée libre hors du texte interprété à la lettre, mais une façon subtile, à partir d’arrangements minimalistes imaginés par Jodet, de donner à entendre de façon quasi subliminale la filiation entre la musique de ce grand compositeur encore sous l’influence de la tradition élisabéthaine incarnée par ses aînés William Byrd ou John Dowland, et certaines formes de la musique pop et folk anglaise contemporaine. Reprenant notamment quelques thèmes célèbres comme  O Let Me Weep  extrait de l’opéra “The Fairy Queen” ou la sublime complainte Oh Solitude  immortalisée notamment par le haute-contre Alfred Deller, Ambre Oz parvient le plus souvent à trouver une sorte de troisième voie périlleuse entre les techniques de chant baroque que ces airs induisent et une sorte de « naturalisme » pop, rendant ainsi étonnement proches les humeurs et les thématiques portées par ces mélodies d’une puissance émotionnelle exceptionnelles.  Un joli travail de “déterritorialisation” temporelle en somme. Stéphane Ollivier

« J’ai haï ce qui était facile ». Sophia de Mello Breyner

AJMI 2017