placeCamille

Écriture en cours

Initié en 2011 le roman illustré Place Camille se met en sommeil pour inscrire son développement dans une phase de recherche et un important collectage auprès de psychologues spécialisés dans les pathologies rattachées aux traumatismes causés par la guerre.  Pour son achèvement le roman sera l’objet d’une résidence d’écriture et de composition en novembre 2016.

Place Camille est l’histoire de Mézérith Rebboah Lublin Oyzer, quinze ans, arrêtée par la police française en mai 1942 sur la place d’une ville de province alors qu’elle racontait une « histoire aux enfants morts” sous forme de petit spectacle de rue. Dans le quartier le printemps est paisible mais la guerre bat son plein. Quelques individus, passants ou riverains assistent à tout ou partie du spectacle et de l’arrestation de Mézérith Rebboah. Parmi eux, sept habitant(e)s de la place Camille découvrent l’événement par la fenêtre de leur habitation, mais aussi par la croisée entrouverte de leur être sensible. Ils nous livrent au fil des chapitres, sous forme de plongeon onirique et profond, un témoignage étrange et singulier de cette traversée. Entre eux circulent des ombres, des parentés, et tout un monde de références à l’enfance, intime et délicat, sublimement révélé par la verve picturale symbolique de Nathalie Bas.

À onze heures vingt le dix-neuf mai mille neuf cent quarante- deux une jeune fille de quinze ans s’est installée sur la Place Camille au cœur de la vieille ville. C’était un samedi. Mais ce détail n’a plus d’importance. Depuis le début de la guerre les samedis ne sont pas différents des autres jours. La vie ne puise plus son mouvement dans les allées et venues, les marchés, les dimanches et les jeudis sans école. Elle voit les jours la traverser sans autre vallonnements souterrains que la peur des sirènes et le rationnement. La fille était belle. Ces choses là se décèlent. Dans un geste, un soin, ce qu’il reste d’un oubli sur le visage étourdi. Ses yeux bleus foncés étaient pris par un tourment qui la faisait paraître plus âgée. Dans son regard vibrionnait une force concentrée en foudre au bout des cils épais. Elle s’appelait Mélisse. Son corps était long, un peu malhabile et légèrement replié sur lui-même ainsi qu’on le ferait pour mieux passer inaperçu. Elle portait la transparence que parfois se donne l’adolescence.

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